Les îles Galápagos — un tas de roches volcaniques perdues dans le Pacifique, à environ 1 000 kilomètres des côtes de l’Équateur — sont aujourd’hui célèbres pour leur faune unique au monde. Tortues géantes, iguanes marins, fous à pieds bleus… un vrai « best of » de la nature concentré sur un archipel pas comme les autres. Mais à l’époque, ce n’était pas encore une destination d’éco-tourisme pour amateurs d’Instagram.
Les îles ont été découvertes par accident en 1535, quand Fray Tomás de Berlanga, l’évêque de Panama, a été dévié de sa route en naviguant vers le Pérou. Imaginez : votre bateau dérive un peu trop, et vous tombez sur un monde rempli de reptiles géants qui semblent tout droit sortis du Jurassique.
Quelques siècles plus tard, les Galápagos étaient devenues un arrêt incontournable pour les pirates, baleiniers et marins affamés. Leur principal trésor ? Les tortues géantes. Ces énormes créatures, lentes et robustes, étaient en quelque sorte le frigo portable du XVIIIe siècle : elles pouvaient survivre des mois sans manger ni boire, parfaites pour garantir de la viande fraîche pendant les longues traversées. Les marins capturaient des dizaines (voire des centaines) de tortues vivantes, les empilaient à l’envers dans la cale, et se servaient au fur et à mesure de leurs besoins.
Même Charles Darwin, lors de son passage en 1835 à bord du HMS Beagle, n’a pas résisté : il a avoué plus tard que les jeunes tortues faisaient « d’excellentes soupes », même s’il a reconnu avec un peu de regret qu’il aurait mieux fait d’en étudier davantage avant de les dévorer.
Malheureusement, l’humain n’a pas été tendre avec la faune locale. Au fil du temps, plusieurs espèces de tortues ont disparu, exterminées par la chasse, la destruction des habitats et l’introduction d’animaux envahissants comme les rats et les chèvres. L’histoire la plus célèbre est celle de Lonesome George, la dernière tortue connue de l’île Pinta, mort en 2012.
Heureusement, on a fini par se réveiller : en 1959, les Galápagos sont devenues un parc national, et il est désormais strictement interdit de chasser, de blesser ou de manger les tortues (ou n’importe quel autre habitant des îles). En 1978, l’UNESCO a même classé l’archipel parmi les tout premiers sites du patrimoine mondial — une reconnaissance bien méritée.